vendredi 6 novembre 2009

Baron Cachin (rue)

La rue Baron Cachin est inconnue de beaucoup de Castrais... Il faut effectivement la trouver...
Depuis la Place Jean Jaurès, prenons la rue Emile Zola, puis à droite la rue Frédéric Thomas. Attention, il faut tourner tout de suite à gauche, dans une petite rue discrète : nous y sommes, rue Baron Cachin. Continuons, nous arrivons Place Jean Bouffard. La rue Baron Cachin se termine déjà...
Nous trouvons dans Castres deux mille ans d'histoire (Jean-Pierre Gaubert, éditions Privat) cette précision : "La rue (...) a mauvaise réputation : elle s'appelait jadis la rue Nausinaiguièra, soit la rue des mauvaises odeurs. Il est vrai qu'elle était alors habitée par des tanneurs."

Si la rue Baron Cachin est méconnue, combien plus encore est méconnu cet enfant de Castres devenu ingénieur maritime, créateur de l'Arsenal de Cherbourg, « Cachin, l'homme de génie à qui l'on doit Cherbourg » selon Honoré de Balzac (in le Curé de Village). Il était le fils d'un réfugié catholique helvétique dont monseigneur de Barral avait fait le portier de l'évêché.

On trouve sur le site de l'association sorézienne une biographie du Baron Joseph-Marie-François Cachin (1757-1825). Celui-ci a en effet son buste dans la Salle des Illustres, à l'Abbaye-Ecole de Sorrèze (http://www.soreze.com/bustes.htm).


"Né à Castres le 2 octobre 1757, dans la loge du portier de Monseigneur de Barral, il dut à ce puissant protecteur de pouvoir pousser ses études. Il fut placé par lui au collège des frères de Castres, puis à Sorèze; enfin admis en 1776 à l'Ecole des Ponts et Chaussées, il en sortit ingénieur. L'évêque de Castres lui fournit alors les moyens de voyager en Angleterre et en Amérique. A son retour, il est chargé des travaux d'amélioration du port de Honfleur. Il se marie avec une veuve immensément riche, Judith de la Rivière, veuve en troisièmes noces du prince de Montbéliard. Nommé par le Directoire ingénieur en chef du Calvados, on le retrouve en 1805, affecté au département de la Marine, à Cherbourg à la direction des travaux des ports et de la rade, qui lui a été confiée par Napoléon par décret du 15 mars 1805. Il devait y travailler vingt ans, restaurant et améliorant le port de commerce, faisant creuser le port militaire, construisant une digue de 3807 mètres pour fermer la rade. C'est là, le 27 août 1813, jour de l'inauguration, qu'il reçut de Marie-Louise, au nom de l'Empereur, la Légion d'Honneur et le titre de baron. Cachin s'éteignit à Paris le 23 février 1825, inspecteur général des Ponts et Chaussées et directeur général des travaux maritimes. Officier de la Légion d'Honneur. Buste inauguré en 1859."

On trouve également sur l'incontournable Wikipédia une biographie de Joseph Cachin (http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Cachin).

Pour ceux que les travaux de la création de l'Arsenal maritime de Cherbourg intéressent, il pourront se reporter à cet article : "Quels sont les hommes qui ont exercé le plus d'influence sur la création d'un arsenal maritime à Cherbourg et en particulier quelle part doit être attribuée à Vauban dans les projets relatifs à la fermeture de la rade, par Bazan - Extrait des : Séances du congrès scientifique de France, tenu à Cherbourg en septembre 1860" (http://www.normannia.info/pdf/bazan1860.pdf).
En voici la conclusion, tout à l'honneur du Baron Cachin :
"Trois générations d'hommes et 200 millions de francs auront été absorbés par les grands travaux pour l'établissement maritime de Cherbourg.
On a vu que les créateurs de cet établissement sont, pour l'idée ou la volonté, Louis XIV, Louis XVI et Napoléon Ier.
On a pu se pénétrer, également, que Vauban n'avait aucune idée arrêtée touchant la fondation d'un grand arsenal maritime à Cherbourg, et que, dans tous les cas, ses plans ou ceux qu'on lui attribue, n'ont eu aucune influence sur l'exécution ultérieure des projets de Louis XIV.
Si des créateurs de l'établissement de Cherbourg, par la puissance de la volonté, je passe aux exécuteurs de cette même volonté, j'aperçois deux hommes remarquables entre tous, et auxquels l'administration municipale a voulu payer un tribut de reconnaissance, en donnant à deux rues de la cité, nouvellement ouvertes, les noms de ces deux hommes dont la mémoire doit vivre aussi longtemps que Cherbourg.
Le premier est le vicomte Lacouldre de La Bretonnière, brigadier des armées navales, qui, à travers mille
contrariétés, a créé la rade de Cherbourg.
Le second est le baron Cachin, qui a eu la gloire de fonder le Nouvel Arsenal.
Pourquoi, sur la digue même, n'éléverait-on pas un monument à la mémoire de M. de La Bretonnière, comme on devrait le faire, à l'entrée de notre port, pour perpétuer le souvenir de M. Cachin ?
C'est une dette dont Cherbourg devra tôt ou tard s'acquitter !..."

A noter qu'une rue de Cherbourg s'appelle effectivement rue Ingénieur Cachin, et que des établissements scolaires y portent également le nom de l'Ingénieur Cachin. A quand un comité de jumelage ?

Particularités de cette rue :
Une plaque, située au n°23, porte l'inscription suivante : ANNO M D C XIII HAS AEDES IOANNIS RAMONDUS PROCUR REGIUS VITAE GENIO SOLATIO COLUMES EXTRUXIT, soit "En l'an 1613 Jean Ramon procureur du Roi fit bâtir cette demeure salubre pour le réconfort de sa vie et de sa famille". Et près de 400 ans après, cette demeure existe encore...

3 commentaires:

  1. Vraiment instructif.
    Une demande : certes, ce n'est pas une rue mais pourrais-tu (je me permets) nous faire l'historique de la statue de Jean Jaurès ?
    JP

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  2. belle réalisation que cette rade militaire de Cherbourg mais à quel "prix humain" aussi :
    "Deux à trois mille manoeuvres travaillèrent de front, surtout des prisonniers de guerre et dans
    des conditions si difficiles que sur 20000 prisonniers passés à Cherbourg en quinze ans de travaux, 2000 environ, selon Cachin, seraient morts à la tâche. Il fallait en effet creuser dans le roc l'avant-port et le bassin de radoub à une profondeur suffisante pour que les vaisseaux puissent être maintenus à flot
    même aux plus basses marées. Deux machines à vapeur servaient en permanence à l'épuisement des eaux d'infiltration. »
    (http://www.enpc.fr/HomePages/bouleau/papiers/c50.pdf )

    quant à la citation de Balzac , elle nous permet de connaitre dans le même paragraphe tout le mal qu'il (Balzac) pensait de nos Grandes Ecoles Françaises et de leur recrutement par concours .
    (chercher "Cachin" dans http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Cur%C3%A9_de_village/4 )

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  3. Quand Cauchy travaillait pour Cachin ! Article très intéressant qui me rappelle les "suites de Cauchy"...

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