Toucaudière vient de Tour Caudière, du nom d'une tour qui s'élevait à cet endroit, reste d'un château médiéval. Elle servit à l'administration de la justice, à la garde des prisonniers, à la conservation des archives.
extrait du plan levé en 1674 par Samuel Picard 28 : la Tour Caudière |
En 1229, la Tour Caudière devient donc le siège de la sénéchaussée. Le seigneur était représenté par un sénéchal secondé par un juge ordinaire et un juge d'appeaux (d'appels).
Mais les seigneurs de Castres, descendants de Simon de Montfort, sont souvent loin de Castres, pour la Croisade notamment.
Vers 1320, Bouchard 1er de Vendôme, fils de d'Eleonore de Montfort et de Jean V, comte de Vendôme, "habitait le château de la Tourcaudière, qui dans la suite fut la résidence ordinaire des comtes de Castres" (B.-A. Marturé, Histoire du Pays Castrais, 1822)
Pour Pierre Borel, dans ses Antiquités (1649) :
« Ladite Tour Caudière est dite d'un nommé Caudière, duquel le bien fut confisqué, ou, selon quelques-uns, comme qui diroit Tour Gotière, c'est-à-dire des Goths ; c'estoit la demeure de quelques Comtes de Castres. »
Cette étymologie ne convainc pas vraiment...
Citant Borel, Paul Andraud dans La Vie Et L'oeuvre Du Troubadour Raimon de Miraval, souligne qu'
"il nous paraît difficile de prendre au sérieux l'une quelconque des ces deux étymologies".
Pour Magloire Raynal, dans sa Biographie castraise (1837, Tome IV, page 102-103):
"Cette Tour-Caudière, ainsi nommée d'un certain Caudière à qui elle appartenait primitivement, et dont les biens furent confisqués, fit dès lors partie du palais des Comtes de Castres. Plus tard, c'était le séjour de la célèbre Esmengarde, connue sous le nom de la Belle Castraise ; enfin, elle devient la résidence des juges d'apeaux et des Officiers du Domaine du Roi. Elle renfermait des archives qui contenaient des titres précieux. Une partie de ces documens historiques devient la proie des flammes, à l'époque des guerres que la ville de Castres eut à soutenir. (...) Nous ajouterons, qu'avant d'entrer en fonctions, les Consuls de Castres, nouvellement élus, se rendaient avec leur cortège dans cette résidence, pour y prêter le serment exigé par la loi."
M. Estadieu, dans ses Notes pour servir à l'histoire de la Ville de Castres (1882, page 90), a une explication légèrement différente : "en 1209, Simon de Montfort fit bâtir un palais fortifié, sur la rive droite de l'Agoût, à côté d'un terrain confisqué plus tard, disent les chroniqueurs, à un nommé Caudière, d'où la dénomination de Turris Caudiere, consignée dans de vieux actes. La Porte du Palais existe encore, en assez bon état de conservation, près de l'escalier du Carras".
Dans Deux compagnons d'infortune, Jérémie DUPUY, de Caraman - Jean MASCARENC, de Castres, on trouve la précision suivante : "Au XVIIIe siècle, les prisons de Castres furent transférées à la Conciergerie, rue Sabaterie. Dès lors, la Tour Caudière ne contint que les archives de la ville ; en 1806, elle fut vendue au sieur Dons, serrurier, qui dut la démolir peu après, car on ne voit plus qu'un terrain vague, appartenant toujours à Dons, sur le plan de Castres, dressé en 1812 par l'architecte Lebrun, M. de Lastours étant maire. On en voit encore, sur le quai Tourcaudière, aux eaux basses, les fondations se détachant sur le sol de la rivière."
On y trouvait au début du XXe siècle un lavoir, que l'on voit sur cette carte postale, sous le quai.
Carte postale ancienne |
http://www.lavoirs.org/affiche_lavoirs.php?code=81
Le quai Tourcaudière fut inondé lors des terribles inondations de 1930.
"L'inondation
touche de vastes quartiers en rive gauche (Bonafé, Aillot, Bisséous,
Théron-Périé, la Bouriate, rues Milhau-Ducommun, A.Veaute,
d'Empare, Villegoudou), ainsi que quelques points de rive droite, ce
qui n'était jamais arrivé (avenues Lucien Coudert et de
Roquecourbe, quai Tourcaudière, rue des Trois-Rois, rue Malpas,
quartier de Mélou). D'énormes quantités de matériaux flottants se
coincent aux ponts Vieux et Neuf, qui sont aveuglés et submergés
(parapets emportés). En milieu de nuit, il n'y a plus
d'électricité en ville. Des maisons s'éffondrent le long de la
rivière."
En 1988, l'aménagement des parkings sous les quais Tourcaudière et du Carras en modifie l'aspect. L'architecte de l'opération, Jean-Marie Pettès, en explique les principes : "Situé au cœur de la ville,
l'aménagement des quais s'inscrit dans le cadre d'une opération plus
vaste lancée par la ville de Castres pour la reconquête des berges de sa
rivière, l’Agout. La sobriété du traitement et la mise en place de
figures répétitives ont été choisies pour assumer la confrontation avec
la variété, le pittoresque et la richesse chromatique des
« maisons sur l’Agout ».
Pour répondre d'une part aux règles d’hydraulique qui imposaient des
façades très ajourées et d'autre part à la représentation d’un socle
supportant la ville, le motif de la stratification a été mis en place
faisant alterner béton blanc et granit gris. Le granit, extrait du
massif du Sidobre tout proche, a fait l’objet d’un travail particulier :
recherche de façonnages (polissage courbe) et mise en œuvre soignée
non-traditionnelle pour les agrafages."« maisons sur l’Agout ».
Photo : http://www.ifarchitecture.fr/amenagement_des_quais_de_l_agout_-_castres_9-ref_36.php#
On y trouve aujourd'hui :
sous les quais : les parkings sur berges
sur les quais : un hôtel, des commerces (dont un salon de coiffure, un pressing, issu des anciens lavoirs ?!), un bistrot créé par un ancien rugbyman (Ugo Mola), ...
BONUS :
Une histoire d'échaffaud ! Terrible !
A lire ICI
LIENS :
> Deux compagnons d'infortune : http://www.regard.eu.org/Livres.4/Deux.compagnons/06.html#5
> Plan de Castres levé en 1674 par Samuel Picard : http://www.cerac-archeopole.fr/monuments/planmarture.html
BIBLIOGRAPHIE
En plus des ouvrages déjà cités :
Clerc (Stéphane) : La tour Caudière, un monument disparu du vieux Castres, Cahiers de la Société culturelle du Pays Castrais, 1987. Ouvrage épuisé auquel nous n'avons pas eu accès.
photo : http://les-rues-de-castres.blogspot.fr/ |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire