Cette rue est connue à Castres comme étant l'adresse du 8e RPIMa (régiment de parachutistes d'infanterie de marine), entre autres...
Mais qui sait encore qui est le lieutenant Jacques Desplats ?
Voyons... Un lieutenant du 8e RPIMa ?
Non, vous n'y êtes pas...
Rappelez-vous : les Cadets de Saumur ! La résistance acharnée et désespérée de ces jeunes "cadets" à l'avancée inexorable de l'armée allemande en 1940, juste pour l'honneur...
Un livre d'Antoine Rédier (écrit à Castres, tiens, tiens..., de juillet à octobre 1940) nous raconte cette épopée. En voici un extrait, le début du prologue : "Les élèves officiers de l'Ecole de Cavalerie de Saumur, leurs instructeurs et leurs chefs se sont couverts de gloire les 19 et 20 juin 1940, en arrêtant l'ennemi devant la Loire sur tout le front dont ils avaient la garde.
Cette garde leur avait été confiée quelques jours plus tôt par le général Pichon, adjoint au général commandant la IXe région à Tours. (...) La belle page qu'ils ont écrite alors mérite d'être connue.
Trois semaines plus tard, dans un hameau proche de Montauban, celui qui écrit ces lignes se trouvait en présence d'un petit groupe d'officiers. C'étaient les survivants de ce fait d'armes.".
Un autre extrait, à la toute fin du livre :
"Le général Weygand a publiquement affirmé son admiration pour eux en signant lui-même cette citation de l'Ecole à l'ordre de l'armée : "Sous le commandement du colonel Michon, reflétant l'âme de son chef, l'Ecole militaire et d'application de la Cavalerie et du Train a combattu, les 19, 20 et 21 juin 1940, jusqu'à l'extrême limite de ses moyens de combat, éprouvant de lourdes pertes, prodiguant les actes d'héroïsme, et inscrivant dans les fastes de la Cavalerie une page digne entre toutes de son glorieux passé. A suscité par sa bravoure l'hommage de son adversaire"."
Mais qui était ce Jacques Desplats ? Antoine Rédier nous le décrit :
"Il avait, en sa qualité de major de la promotion de 1937, reçu de l'Etat, à titre de don, un beau cheval d'armes, la jument Haute-Savoie. Il la montait dans sa garnison d'Epernay et c'est avec elle qu'il guerroya à la frontière allemande jusqu'en mai. Il dut la laisser à son corps pour venir à Saumur, où on lui alloua deux chevaux splendides, mais difficiles, Boléro et Cri-du-Diable".
"Il avait, en sa qualité de major de la promotion de 1937, reçu de l'Etat, à titre de don, un beau cheval d'armes, la jument Haute-Savoie. Il la montait dans sa garnison d'Epernay et c'est avec elle qu'il guerroya à la frontière allemande jusqu'en mai. Il dut la laisser à son corps pour venir à Saumur, où on lui alloua deux chevaux splendides, mais difficiles, Boléro et Cri-du-Diable".
Et ailleurs :
"C'était un grand garçon, mince, droit, avec des yeux de feu sous un front pur. Il parlait net, un peu sec, mais avec l'ardent souci d'être compris". Et plus loin : "Ce jeune garçon de 26 ans exerçait alors son premier commandement : tout de suite, il prit figure de psychologue et de maître. Car tous l'observaient et s'instruisaient à le regarder faire."
Le vendredi 14 juin, le lieutenant Desplats à quelques choses à dire à ses hommes : "Il arrive le front grave. A cette minute, chacun à l'Ecole croyait l'ennemi en Normandie, du côté de Lisieux. "L'ennemi est à Chartres, déclare-t-il. Tout peut arriver. On nous donne mission d'aller défendre la Loire. Vous avez une heure pour vous préparer"."
La bataille qui suivit mériterait d'être entièrement racontée, mais ce n'est pas l'objet de cet article... Le lecteur se reportera à la bibliographie ci-dessous.
Un autre témoignage, lu sur le site de l'association nationale des Anciens Combattants de la Banque de France, nous résume en quelques mots le rôle du Lieutenant Desplats, défenseur de l'Ile de Gennes :
"Pendant la première attaque, il se prodigue au milieu de ses hommes, sans aucun souci des balles et des obus. Son optimisme réchauffe les hésitants et galvanise les ardents. Il cause familièrement avec les tirailleurs algériens qui lui ont été confié, leur tapant sur l’épaule, et répétant : "Surtout les enfants, ne flanchez pas".
Au matin du 20 juin, pendant l’attaque qui devait être décisive, il est d’abord frappé d’un éclat d’obus à la jambe. Il refuse d’être évacué, il sort un pansement et s’apprête à bander la blessure lorsqu’un obus le couche pour toujours."
Pour finir, laissons la parole au colonel Michon :
« Messieurs, la situation est désespérée. Nous devons à l’honneur de la cavalerie de défendre les postes de Saumur, même si cela ne doit servir à rien. Ce qu’ont fait les cadets de l’Alcazar de Tolède, ceux de Saumur peuvent aussi le faire.»
Gilles Duméril, octobre 2009.
Pour en savoir plus :
LIVRES
> Le Sacrifice des cadets de Saumur - Pierre Nord ; Illustrations de Guy Arnoux - Paris, Librairie des Champs-Élysées, 1947
> Les Cadets de Saumur Juin 1940 - Patrick de Gmeline - Presses de la Cité, 1993.
> La bataille des cadets de Saumur, juin 1940 - Dominique Lormier - Chemins de la Mémoire, 2002.
> Gennes. L’un des ponts de Saumur - Lionel Jobert - 1941. Réédité en juillet 2005
SITES INTERNET
> Site de l'association nationale des Scouts français morts pour la France : http://ansfac.org/Cartoscoute/Regions/Pays_loire/pays_loire.htm
qui nous informe qu'à Gennes (49) se trouve le mémorial de Jacques Desplats et des Cadets de Saumur
"Leur mémorial se trouve dans Gennes sur une hauteur à côté d'une ancienne Chapelle
Il avait été scout à Ste Croix de Neuilly, et Routier au clan Charles de Foucauld à St Cyr"
> Le témoignage de Jean Ferniot dans Paris-Match : http://www.parismatch.com/People-Match/Livre/Actu/J-ai-vu-mourir-les-cadets-de-Saumur.-Par-Jean-Ferniot.-67756/
> Archives de l'INA : http://www.ina.fr/fresques/ouest-en-memoire/notice/Region00007/inauguration-a-saumur-du-nouveau-pont-sur-la-loire
> Cadets de Saumur et leurs compagnons d'armes morts pour la France en juin 1940 : http://www.herodote.net/Note/ktemoinCadetsSaumur.php
et même JEUX
Bravo pour ce blog, c'est une très bonne idée !! A quand la rue Rapin de Thoyras et la rue Baron Cachin ?
RépondreSupprimerAnonyme
Pour le Baron Cachin (fortificateur de Cherbourg), c'est prévu. Pour Rapin de Thoyras, il faut qu'un historien local (de cette rue) me renseigne !
RépondreSupprimerGilles D.