mercredi 25 novembre 2009

Beaujeu (Rue et Impasse)

Rue perpendiculaire à la rue Sabatier, et qui rejoint la rue Saint Benoît et la Place du 8 mai.
Impasse donnant dans cette rue, dans le prolongement de la rue Vieille.


Elle met à l'honneur un évêque de Castres, Mgr Honoré de Quiqueran de Beaujeu, né en 1655 à Arles. Il fut évêque de Castres de 1705 jusqu'à sa mort en 1736.
Il continua les efforts de ses prédécesseurs Mgr de Tuboeuf et Mgr de Maupéou pour la construction de la cathédrale Saint Benoît, qu'il inaugura en 1718.
( voir http://les-rues-de-castres.blogspot.com/2009/11/tuboeuf-rue.html)
Une des cloches de la cathédrale porte ses armoiries.

En voici la biographie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Honor%C3%A9_de_Quiqueran_de_Beaujeu)
"Honoré de Quiqueran de Beaujeu, né en 1655 à Arles où il est mort en 1736, est un érudit et philologue français.
Quiqueran entra dans la congrégation de l’Oratoire, fut envoyé dans les missions du Poitou et du pays d’Aunis, après la révocation de l’édit de Nantes, et devint évêque d’Oléron en 1703, et peu de temps après de Castres.

Louis XIV étant mort en 1715, dans le temps de l’assemblée générale du clergé, l’évêque de Castres fut choisi pour prononcer à Saint-Denys l’Oraison funèbre de ce monarque, ce dont il s’acquitta avec succès.
Ce prélat, en qui Colbert et Soanen eurent un ami zélé, mourut dans sa ville natale, où il était allé voir sa famille, à 81 ans. Il était membre de l’Académie des Inscriptions (et Belles Lettres).
On a de lui un vol. in-4 des Mandements, des Lettres, des Instructions pastorales qu’il publia sur l’établissement de son séminaire, sur les maladies contagieuses de Provence et de Languedoc, sur l’incendie de Castres, et sur quelques objets qui décèlent son attachement aux nouveaux disciples de saint Augustin."


On trouve dans Castres hier et aujourd'hui , de Gaston Rouanet, plus de précisions sur le rôle et l'oeuvre de Mgr de Beaujeu :
" En 1710, il fonda le séminaire, l'Hôtel-Dieu et fit reconstruire le choeur de la cathédrale. Ce grand orateur présenta au roi en 1714 les cahiers des Etats du Languedoc (...). Gallican convaincu, il joua un grand rôle au moment des trouble suscités par la bulle Unigenitus et il tenta un plaidoyer en faveur des Gallicans auprès de la cour de Rome à l'occasion de l'élection du pape Innocent XIII. Il défendit jusqu'à sa mort une cause désespérée."

Voici enfin sa biographie extraite du Dictionnaire de la noblesse (M. de la Chesnaye-Desbois, Antoine Boudet, 1776), qui apporte encore quelques précisions (http://books.google.fr/books?id=6JxYAAAAMAAJ&pg=RA1-PA643&dq=honor%C3%A9+de+beaujeu&lr=#v=onepage&q=honor%C3%A9%20de%20beaujeu&f=false):

D'autres biographies se trouvent dans les ouvrages suivants :
Dictionnaire de la Provence (Jean Mossy, 1787) http://books.google.fr/books?id=FO0RAAAAIAAJ&pg=PA136&dq=portrait+honor%C3%A9+quiqueran+de+beaujeu&lr=#v=onepage&q=portrait%20honor%C3%A9%20quiqueran%20de%20beaujeu&f=false. C'est une des plus complètes.
Encyclopédie méthodique, Histoire, tome quatrième (Panckoucke, 1790) (http://books.google.fr/books?id=WYQPAAAAQAAJ&pg=PA460&dq=portrait+honor%C3%A9+quiqueran+de+beaujeu&lr=#v=onepage&q=portrait%20honor%C3%A9%20quiqueran%20de%20beaujeu&f=false) où l'on apprend que "sa maxime favorite qu'il plaçait presque toujours à la tête de ses écrits était : aimez la paix & la vérité".
Biographie universelle ancienne et moderne (Michaud, 1823) : http://books.google.fr/books?id=k4Q8AAAAcAAJ&pg=RA1-PA457&dq=honor%C3%A9+de+beaujeu&lr=#v=onepage&q=honor%C3%A9%20de%20beaujeu&f=false
Encyclopédie catholique, volume 16, par Jean-Baptiste Glaire, Joseph-Alexis Walsh (Parent Desbarres, 1848) : http://books.google.fr/books?id=ayJEAAAAYAAJ&pg=PA345&dq=portrait+quiqueran+beaujeu&lr=#v=onepage&q=portrait%20quiqueran%20beaujeu&f=false

Sur la famille Quiqueran de Beaujeu, originaire d'Arles, on trouvera ici quelques informations : http://theses.enc.sorbonne.fr/document1142.html

dimanche 22 novembre 2009

Roumive (Place)

Anciennement Rue Roumive. En 1649, Borrel la décrit dans Les Antiquités : "Allant de la Tolosane à la Platée, la rue Roumive".
En langues d'Oc, Romieu, Roumieu, Romeu, Roumier, Roumière, Roumive, Romeuf, Romary / ery/ eri, désignaient à l'origine un pèlerin revenant de St Jacques de Compostelle, pour ensuite désigner n'importe quel pèlerin.

Il faut rappeler ici que Castres se trouve "sur l'itinéraire d'un des trois pèlerinages dits majeurs (Jérusalem, Rome et Compostelle), d'autant plus courus au Moyen Âge qu'ils sont dispensateurs d'indulgences" (Castres 2000 ans d'histoire - J.P Gaubert, Privat).
Et avant cela, les pèlerins affluaient déjà à Castres pour se recueillir devant la châsse de saint Vincent, diacre de Saragosse martyrisé en 304 près de Valence, en Espagne. "Des gens viennent de toute la Chrétienté. Outre l'évêque de Toulouse, Hélisagar, venu en voisin, on relate les visites de rois de France : Robert, fils de Hugues Capet en 1029, Louis le Bègue en 1112, Louis le Jeune en 1154 et Louis le Gros en 1212. Plus tard les cathares repentis se recueilleront devant la châsse du saint jusqu'à la fin du XIIIe siècle" (Castres 2000 ans d'histoire).
Aujourd'hui encore, Castres se trouve sur l'itinéraire d'Arles, un des quatre chemins "officiels" vers Saint Jacques de Compostelle.

Ce nom "Roumive" se retrouve dans la Voie Roumive, qui était un tronçon de l'antique route de Rocamadour à Saint-Gilles, dans le Gard.
En voici l'histoire : http://fmoreau.recit.free.fr/index.php?ref=MFN6448
On trouve également dans le Lot (Le Bastit), une fontaine gallo-romaine du nom de Font Roumive (Fontaine des Pélerins) : http://www.quercy.net/patrimoine/saints/
"A l'origine, cette fontaine servait à l'usage des pèlerins en route pour Rocamadour - les roumieux du nom de Rome, capitale de la Chrétienté, - qui lui ont ainsi donné son nom : la font roumive."

mercredi 18 novembre 2009

Jean Jaurès (Place) - Statue de Jean Jaurès (oeuvre de Gabriel Pech)

Nous n'allons pas vous raconter la vie et l'oeuvre de Jean Jaurès, d'autres l'ont fait avant nous...
Il faut bien sûr rappeler que Jean Jaurès est né à Castres, le 3 septembre 1859, rue Réclusane (actuellement rue Soeur Richard), et mort assassiné à Paris le 31 juillet 1914.

L'historique de la Place
La place Jean Jaurès a été construite de 1830 à 1872 sur l'emplacement d'un ancien couvent, le couvent des Jacobins. Elle est entourée de façades classiques taillés dans le grès des carrières voisines de Navès. A ses extrémités : la statue de Jean Jaurès et une fontaine, reproduction à échelle réduite d'une de celles de la place de la Concorde.


"L’idée de créer une grande place de commerce à Castres est apparue à la suite du grand incendie qui avait ravagé les abords de la halle au blé en 1724, mais ce n’est qu’en 1827 qu’une ordonnance royale approuve le plan nal. Le chantier s’achève le 25 septembre 1833.
Baptisée place Royale, elle constitue un bel exemple d’architecture néo-classique.
La partie ouest ne sera réalisée que sous le Second Empire, en même temps qu’est édiée la fontaine monumentale. Des ormeaux sont plantés, pour satisfaire à la mode romantique de l’époque. La place s’appelle alors place Impériale. Les premiers grands cafés s’y implantent et en font un lieu de promenade.
En 1869 l’ancienne halle, devenue inutile, est surélevée. Des commerces s’installent au rez-de-chaussée.
A la chute du Second Empire, la place devient place Nationale. La statue de Jean Jaurès est érigée en 1926. Entre 1926 et 1946, la place est de nouveau sans arbre. Les tilleuls, supprimés en 2005 à l’occasion de la réfection de la place, ont été plantés en 1946." (http://www.ville-castres.fr/fichiers/travaux/Plaquette%20facade%20jeanjaures.PDF)
En 1925, la place prend le nom de Place Jean Jaurès. Elle a conservé ce nom jusqu'à nos jours.
La Place Jean Jaurès "est devenue entièrement piétonne depuis juin 2005. Elle est constituée en partie en granit du Sidobre, plantée de magnolias, agrémentée de bancs, de fontaines et de jets d'eau. Elle accueille le marché de plein air les matins du mardi, jeudi, vendredi et samedi ainsi que des fêtes et manifestations pendant la saison estivale comme le festival « Les Extravadanses » mais aussi le plus grand marché de Noël de Midi-Pyrénées avec ses 4300 m²"
(http://www.ladepeche.fr/article/2007/12/19/420804-Castres-La-place-Jean-Jaures-a-l-honneur.html)

L'histoire de la statue

La statue de Jean Jaurès, oeuvre du sculpteur Gabriel Pech (1854-1930), né à Albi, fut inaugurée en 1925, en présence du Président du Conseil, le radical Edouard Herriot. Elle a été réalisée en 1924.
Gabriel-Edouard-Baptiste Pech fut l'élève de Jouffroy, Falguière (sculpteur toulousain) et Mercié (peintre et sculpteur toulousain).
On lui doit également le monument de Jean Jaurès à Carmaux (visible ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:JauresACarmaux.jpg), ainsi que plusieurs bustes de Jean Jaurès.
Un buste en bronze (1914) se trouve à l'Hôtel de Ville d'Aubervilliers (Hauts-de- Seine), un autre à Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine) (source : http://fr.topic-topos.com/buste-de-jean-jaures-chatenay-malabry), à Saint-Claude (Doubs), etc.

Un buste représentant vraisemblablement Jaurès jeune (http://www.ladepeche.fr/article/2009/11/13/713818-Garrigues-Conferences-et-acquisition-d-un-buste-de-Jaures.html) a été vendu aux enchères en 2008. Il a été acquis par les Amis des Musées du Pays Vaurais. Cette terre cuite,  "Portait d'homme en buste", est signée Gabriel Pech et datée de 1880 (source : http://www.damienleclere.auction.fr/FR/vente_peintures_arts_graphiques/v11475_damien_leclere/l1749977_gabriel_pech_1854_1930_portrait_homme_en_buste_.html).

SITES INTERNET à visiter pour en savoir plus :
Une copie de la statue de Jean Jaurès de Castres se trouve à Montpellier : http://www.montpellier-histoire.com/page2/page51/page51.html

SUR LES OEUVRES DE GABRIEL PECH :

On luit doit une statue du conteur Charles Perrault : "Gabriel Pech obtient une médaille de première classe pour le modèle de son monument au conteur. Commandé en marbre en 1903 sur intervention de Jean Jaurès, vice-président de la Chambre et compatriote du sculpteur, le monument est mis en place au jardin des Tuileries en 1910 après une longue résistance des architectes (...)".

On lui doit également :
1904, église de la Madeleine d'Albi : "réalisation de la statue monumentale de Sainte Marie-Madeleine par le sculpteur Gabriel Pech, enfant de la paroisse installé à Paris. Cette statue, qui mettait le point final à la décoration de l'église, prenait la place du crucifix dans le choeur. En 1922 fut érigé l’autel aux morts de la guerre (bas-relief de Gabriel Pech)."
"Cette statue a été commandée en 1899 à Gabriel Pech (...) sculpteur reconnu installé à Paris. « M. Gabriel Pech a eu plusieurs de ses oeuvres couronnées par le jury de Paris qui lui a décerné les plus flatteuses récompenses. Cet artiste est déjà une des gloires d’Albi et de la paroisse de la Madeleine dans les oeuvres artistiques de la statutaire » (extrait des registres du conseil de fabrique de la paroisse). Il est en particulier l’auteur de la statue de Jean Jaurès sur la place du même nom à Castres, ou du buste de Rochegude en face de l’ancienne bibliothèque à Albi." (http://perso.enstimac.fr/~schwartz/or/madeleine-description-eglise.pdf).
A noter qu'une rue porte son nom à Albi.

Autres oeuvres :

- Un médaillon en bronze représentant un jeune soldat tombé en 1914 sur la tombe Malleville, dans le cimetière de Colombes (92).
- Un monument à la mémoire d'Édith Cavell, offert à la Ville de Paris par le journal Le Matin, fut inauguré le 12 juin 1920 par M. Maginot, dans le jardin des Tuileries, adossé au mur oriental du Jeu de Paume. Il fut détruit le 14 juin 1940, dès l'entrée des troupes allemandes dans Paris (voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Edith_Cavell).
- Monument Nisard à Châtillon-sur-Seine (21). Gabriel Pech y réalisa en 1890 le buste de Désiré Nisard et, en 1895, le médaillon d'Auguste Nisard.

- Statues de Sophocle (?) à Albi
- Buste du Colonel Teyssier (1821-1916, à Albi).

samedi 14 novembre 2009

Tuboeuf (Rue)

Cette petite rue, situé entre la rue de l'hôtel de ville et la rue Emile Zola, met à l'honneur Mgr Michel de Tuboeuf, aumônier de Louis XIV, évêque de Castres, nommé en 1664.

Né vers 1600, il est "le fils de Simon, avocat au Parlement de Paris et de Marie Talon, frère de Jacques, intendant des finances. Il fut aumônier du roi, abbé de Saint-Urbain (Châlons). Nommé évêque de Saint-Pons, 20 juin 1653 et sacré à la Sorbonne, 12 avril 1654, il éprouva dans son diocèse des oppositions méritées. Transféré à Castres, il fit bâtir un magnifique palais épiscopal. N'osa pas contrarier le roi qui attribuait le collège de Castres aux Jésuites, 1664 ; il n'aurait pas eu autant de déférence pour le pape (in Les évêques et archevêques de France depuis 1682 jusqu'à 1801 - par le P. Armand JEAN de la Compagnie de Jésus).

C'est donc à Mgr de Tuboeuf que l'on doit l'évêché, l'actuel hôtel de ville, abritant également le Musée Goya, entre l'Agout et la tour romane Saint Benoît. Il le fit construire en 1669, sur des plans de Jules-Hardouin Mansard. L'ancien évêché était situé "près de la Tour Caudière, dont on voit les vestiges dans la rue des Capitouls" (Castres hier et aujourd'hui - Gaston Rouanet). Il fut inauguré dès 1673. Plus tardifs, les jardins ont quant à eux été conçu par le jardinier du Roi, Le Nôtre.

C'est à cet évêque bâtisseur que l'on doit également la cathédrale Saint Benoît, construite à partir de 1680, à l'emplacement de l'ancien monastère de Saint Benoît, dont il ne restait que des ruines à l'issue des guerres de religion, et dont il ne reste actuellement que le clocher.
Elle fut continuée par son successeur, Mgr de Maupéou, et inaugurée, dans l'état -inachevé- où nous la voyons maintenant, en 1718 par Mgr de Beaujeu (les plans initiaux prévoyaient une nef beaucoup plus grande, jusqu'à l'actuelle rue Gambetta).
"M. de Tuboeuf n'eut pas la satisfaction de voir l'achèvement de cet édifice ; car ayant entrepris un voyage à Paris, (...) il y tomba malade et y mourut le 16 mai 1682" (Biographie castraise - Magloire Raynal, 1835, à lire ici : http://books.google.fr/books?id=OMknAAAAYAAJ&pg=PA494&dq=michel+de+tuboeuf&lr=#v=onepage&q=&f=false).

Avant d'arriver à Castres, Mgr de Tuboeuf fut évêque de Saint Pons de Thomières de 1653 à 1664. On lira ici un récit sur son histoire mouvementée : http://pagesperso-orange.fr/saint-pons-de-thomieres/michel-tuboeuf.html
"Michel Tuboeuf est issu d'une famille de noblesse de robe (son frère Jacques Tuboeuf, intendant des finances du royaume, est Président de la Chambre des Comptes de Paris).

Nommé à l'évêché de Saint-Pons le 20 juin 1653, il succède à Mgr Jean-Jacques de Fleyres.
Mgr Tuboeuf se trouve très vite en opposition avec une partie des habitants de la ville de Saint-Pons et avec le chapitre de la cathédrale, notamment concernant l'administration des biens de l'évêché.
(...) Par ailleurs, Mgr Tuboeuf intente un procès devant le Parlement de Toulouse, aux héritiers de son prédecesseur Mgr Jean-Jacques de Fleyres, parmi lesquels l'archidiacre de Saint-Pons Joseph-Gabriel de Thézan du Poujol. Ce dernier s'associe alors à la famille de Guibbal pour s'opposer à son évêque.
"La discorde s'étend dans la ville. Deux des consuls prennent le parti de l'évêque ; deux autres se déclarent contre lui ...".
Devant cette vive opposition Mgr Tuboeuf est contraint de demander de quitter Saint-Pons et il obtient l'évêché de Castres.
Son départ est mouvementé et il doit encore subir les huées de la population tout le long de son trajet jusqu'à sa sortie du diocèse à Labastide-Rouairoux".

Le récit qu'en fait Magloire Raynal est beaucoup plus discret sur ces péripéties :
Cette modeste rue Tuboeuf pourrait changer de nom, et s'appeler tout simplement rue Mgr Michel de Tuboeuf (1600-1682), évêque de Castres, bâtisseur de l'évêché et de la cathédrale Saint Benoît... Avis au conseil municipal !
A noter que son ancien nom, rue de Brettes (carriera del Forn de Bretas) existe toujours, petite rue perpendiculaire à la rue Tuboeuf. Elle fera l'objet d'un prochain article !
Gilles Duméril, novembre 2009.

mardi 10 novembre 2009

Borrel (Rue)

Cette rue part de la rue Frédéric Thomas, croise la rue Henri IV, et va jusqu'à la rue des Capucins, qui la prolonge jusqu'au Quai du Carras.
Les plans de Castres indiquent "rue Borrel" ; C'est bien sûr Pierre Borel (ou Pierre Borrel, selon les orthographes trouvées) qui est mis à l'honneur. C'est d'ailleurs ainsi qu'il apparaît sur les plaques de rues.
Cette rue s'appelait du temps de Pierre Borel "Rue de(s) Panedeutes" (ou Panadeutes). Nous ignorons l'origine de ce nom. Littéralement, cela veut dire "pain et dettes" en occitan (Dona-nos nòstre pan de cada jorn, perdona-nos nòstres deutes, Donnez-nous notre pain quotidien, pardonnez-nous nos offenses -nos dettes- ... ). Cela semble donc concerner les demandes n°4 et 5 du Notre Père. Cette explication théologique en vaut bien une autre... Autre explication, plus latiniste celle-là : panem edentes ("les mangeant du pain", ie ceux qui mangent du pain)...

Mais revenons à Pierre Borel... Qui est-il ? Sa biographie se trouve sur "Wikipédia" : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Borel

Mais on trouvera ici une biographie plus complète :
En voici le résumé :
"Pierre Borel est né vers 1620, à Castres dans le sud-ouest de la France. Il est étudiant en médecine à Montpelier, et obtiendra par la suite le titre de médecin ordinaire du roi. Il s'intéresse à de nombreux domaines : médecine, biologie, physique, astronomie, linguistique, histoire, antiquités, curiosités. Il partage son savoir, ses expériences, et ses documents en faisant publier de nombreux ouvrages. Il est assidu à l'Académie de Castres, qui est en relation épistolaire avec les savants et les autres académies de l'époque. Il passe quatre ans à Paris de 1653 à 1657, où il fréquente les salons littéraires et scientifiques. Revenu à Castres, il est nommé régent du collège. Il meurt en 1671."

Dans la Revue d'Histoire des Sciences (Pierre Chabbert - année 1967 - volume 20 - pages 339-340) on trouve une courte biographie de ce savant :
" C'est une très curieuse figure que celle de Pierre Borel, docteur en médecine, quelques temps régent du Collège de Castres, membre (...) de l'Académie de Castres mais non point comme on l'a dit trop souvent de l'Académie Royale des Sciences. La partie la plus connue de son oeuvre (au moins en Languedoc) est représentée par Les antiquités de Castres où il se révèle un historien souvent naïf et par son Trésor des recherches et antiquités gauloises et franques, dictionnaire philologique encore utile à consulter. Son oeuvre scientifique a un intérêt beaucoup plus grand : sa Bibliotheca Chimica est la première bibliographie imprimée d'ouvrages de chimie et d'alchimie ; sa Centuria Observationum Microscopicarum publiée en 1665 est l'un des premiers recueils d'observations médicales intéressantes. Philosophe, il a écrit une vie de Descartes et, trente ans avant Fontenelle, un discours prouvant la pluralité des mondes."

C'est également un botaniste. En introduction de la Nouvelle Flore du Tarn et de la Haute-Garonne sous-pyrénéenne (Jules Bel - édition Amalric, Albi, 1888), on trouve ces quelques lignes sur Pierre Borel :
"L'histoire de la botanique, dans le département du Tarn, remonte au XVIIe siècle. A cette époque, Pierre Borrel, mathématicien et astrologue, étudiait les simples, et définissait la botanique, avec les savants de son temps : « la connaissance des plantes et de leurs vertus ». En 1649, Borrel possédait, dans un herbier, trois mille plantes rangées par ordre alphabétique (cf. BORREL - Antiquitez, raretez, plantes, minéraux et autres choses considérables de la ville et comté de Castres d'Albigeois et des lieux qui sont à ses environs. Imprimerie Arnaud Colomiez, Castres, 1649)."


Ci-contre : photo extraite de Castres Magazine.

Est reproduite ci-contre une biographie extraite du Dictionnaire historique et bibliographique abrégé de L.-Gabriel Peignot (Volume 1, Partie 1, Haut-Coeur et Gayet, Paris, 1822).
L'année et le lieu de sa mort semblent incertains : 1671 à Castres ou 1689 à Paris ? Et a-t-il fait partie de l'Académie des Sciences ?
La réponse nous est apportée à nouveau par Pierre Chabbert (in Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1970 - Volume 23) : on a longtemps confondu Pierre Borel et Jacques Borelly... L'explication est ici (pour les curieux) : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1970_num_23_3_3141

Gilles Duméril, novembre 2009

vendredi 6 novembre 2009

Baron Cachin (rue)

La rue Baron Cachin est inconnue de beaucoup de Castrais... Il faut effectivement la trouver...
Depuis la Place Jean Jaurès, prenons la rue Emile Zola, puis à droite la rue Frédéric Thomas. Attention, il faut tourner tout de suite à gauche, dans une petite rue discrète : nous y sommes, rue Baron Cachin. Continuons, nous arrivons Place Jean Bouffard. La rue Baron Cachin se termine déjà...
Nous trouvons dans Castres deux mille ans d'histoire (Jean-Pierre Gaubert, éditions Privat) cette précision : "La rue (...) a mauvaise réputation : elle s'appelait jadis la rue Nausinaiguièra, soit la rue des mauvaises odeurs. Il est vrai qu'elle était alors habitée par des tanneurs."

Si la rue Baron Cachin est méconnue, combien plus encore est méconnu cet enfant de Castres devenu ingénieur maritime, créateur de l'Arsenal de Cherbourg, « Cachin, l'homme de génie à qui l'on doit Cherbourg » selon Honoré de Balzac (in le Curé de Village). Il était le fils d'un réfugié catholique helvétique dont monseigneur de Barral avait fait le portier de l'évêché.

On trouve sur le site de l'association sorézienne une biographie du Baron Joseph-Marie-François Cachin (1757-1825). Celui-ci a en effet son buste dans la Salle des Illustres, à l'Abbaye-Ecole de Sorrèze (http://www.soreze.com/bustes.htm).


"Né à Castres le 2 octobre 1757, dans la loge du portier de Monseigneur de Barral, il dut à ce puissant protecteur de pouvoir pousser ses études. Il fut placé par lui au collège des frères de Castres, puis à Sorèze; enfin admis en 1776 à l'Ecole des Ponts et Chaussées, il en sortit ingénieur. L'évêque de Castres lui fournit alors les moyens de voyager en Angleterre et en Amérique. A son retour, il est chargé des travaux d'amélioration du port de Honfleur. Il se marie avec une veuve immensément riche, Judith de la Rivière, veuve en troisièmes noces du prince de Montbéliard. Nommé par le Directoire ingénieur en chef du Calvados, on le retrouve en 1805, affecté au département de la Marine, à Cherbourg à la direction des travaux des ports et de la rade, qui lui a été confiée par Napoléon par décret du 15 mars 1805. Il devait y travailler vingt ans, restaurant et améliorant le port de commerce, faisant creuser le port militaire, construisant une digue de 3807 mètres pour fermer la rade. C'est là, le 27 août 1813, jour de l'inauguration, qu'il reçut de Marie-Louise, au nom de l'Empereur, la Légion d'Honneur et le titre de baron. Cachin s'éteignit à Paris le 23 février 1825, inspecteur général des Ponts et Chaussées et directeur général des travaux maritimes. Officier de la Légion d'Honneur. Buste inauguré en 1859."

On trouve également sur l'incontournable Wikipédia une biographie de Joseph Cachin (http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Cachin).

Pour ceux que les travaux de la création de l'Arsenal maritime de Cherbourg intéressent, il pourront se reporter à cet article : "Quels sont les hommes qui ont exercé le plus d'influence sur la création d'un arsenal maritime à Cherbourg et en particulier quelle part doit être attribuée à Vauban dans les projets relatifs à la fermeture de la rade, par Bazan - Extrait des : Séances du congrès scientifique de France, tenu à Cherbourg en septembre 1860" (http://www.normannia.info/pdf/bazan1860.pdf).
En voici la conclusion, tout à l'honneur du Baron Cachin :
"Trois générations d'hommes et 200 millions de francs auront été absorbés par les grands travaux pour l'établissement maritime de Cherbourg.
On a vu que les créateurs de cet établissement sont, pour l'idée ou la volonté, Louis XIV, Louis XVI et Napoléon Ier.
On a pu se pénétrer, également, que Vauban n'avait aucune idée arrêtée touchant la fondation d'un grand arsenal maritime à Cherbourg, et que, dans tous les cas, ses plans ou ceux qu'on lui attribue, n'ont eu aucune influence sur l'exécution ultérieure des projets de Louis XIV.
Si des créateurs de l'établissement de Cherbourg, par la puissance de la volonté, je passe aux exécuteurs de cette même volonté, j'aperçois deux hommes remarquables entre tous, et auxquels l'administration municipale a voulu payer un tribut de reconnaissance, en donnant à deux rues de la cité, nouvellement ouvertes, les noms de ces deux hommes dont la mémoire doit vivre aussi longtemps que Cherbourg.
Le premier est le vicomte Lacouldre de La Bretonnière, brigadier des armées navales, qui, à travers mille
contrariétés, a créé la rade de Cherbourg.
Le second est le baron Cachin, qui a eu la gloire de fonder le Nouvel Arsenal.
Pourquoi, sur la digue même, n'éléverait-on pas un monument à la mémoire de M. de La Bretonnière, comme on devrait le faire, à l'entrée de notre port, pour perpétuer le souvenir de M. Cachin ?
C'est une dette dont Cherbourg devra tôt ou tard s'acquitter !..."

A noter qu'une rue de Cherbourg s'appelle effectivement rue Ingénieur Cachin, et que des établissements scolaires y portent également le nom de l'Ingénieur Cachin. A quand un comité de jumelage ?

Particularités de cette rue :
Une plaque, située au n°23, porte l'inscription suivante : ANNO M D C XIII HAS AEDES IOANNIS RAMONDUS PROCUR REGIUS VITAE GENIO SOLATIO COLUMES EXTRUXIT, soit "En l'an 1613 Jean Ramon procureur du Roi fit bâtir cette demeure salubre pour le réconfort de sa vie et de sa famille". Et près de 400 ans après, cette demeure existe encore...

lundi 2 novembre 2009

Rapin de Thoyras (rue)

La rue Rapin de Thoyras est une rue tranquille située entre la rue Saint Jean et l'avenue de Rocquecourbe, parrallèle à la rue Mahuziès.

Elle porte le nom de l'historien Paul Rapin, Seigneur de Thoyras (ou Paul Rapin-Thoyras), né à Castres le 25 mars 1661, d'une famille originaire de Savoie. Ses parents sont Jacques de Rapin, seigneur de Thoyras, avocat à la chambre mi-partie (ou chambre de l'édit), et Jeanne Pellisson. Il se marie avec Marie Anne Testart ; il eut une fille, Suzanne Esther de Rapin (source : GeneAll.net). Il meurt à Wesel (Allemagne) le 16 mai 1725.
"D’abord avocat, il embrassa ensuite la carrière militaire. Professant le calvinisme, il fut forcé de quitter la France après l’édit de Fontainebleau de 1685. Il se retira en Angleterre, puis en Hollande, d’où il retourna en Angleterre avec le prince d’Orange, qui devint Guillaume III, fut aide de camp du général Douglas, eut part au siège de Limerick, fit l’éducation du jeune duc de Portland, et se retira à Wesel, où il mourut. Il était le neveu de Paul Pellisson.
Il y rédigea une Histoire d’Angleterre, en 8 volumes (La Haye, 1724), souvent réimprimée, ouvrage savant et pour lequel il avait amassé d’immenses matériaux." (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Rapin-Thoyras)
Parmi les ouvrages qui lui ont été consacrés, il faut noter : Rapin Thoyras, sa famille, sa vie et ses oeuvres - étude historique suivie de généalogies, par Raoul de Cazenove (Auguste Aubry, Paris, 1866), numérisé par Google et visible ici : http://books.google.fr/books?id=031WAAAAMAAJ&dq=rapin+thoyras&printsec=frontcover&source=bl&ots=5-o_a1c6b6&sig=cJsu_bsePQ6yx2G-B5fwuW5YEas&hl=fr&ei=6gjsSqbuA-SgjAeEtfCiDQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CA4Q6AEwAg#v=onepage&q=&f=false

C'est de cet ouvrage qu'a été extrait le portrait ci-dessus.
Autre ouvrage : Rapin-Thoyras un précurseur de Montesquieu, une oeuvre de N. Girard d'Albissin (éditions Klincksieck).

Particularités de cette rue
Lu sur le site de l'église réformée de France - Castres :

"Il faut noter tout d'abord qu'un premier cimetière protestant avait été créé rue Rapin de Thoyras, rue perpendiculaire à l'Avenue de Roquecourbe ; l'achat du terrain a été effectué fin 1789, mais le cimetière arrivera très vite à saturation.
Dès 1824, le terrain de ce premier cimetière est échangé contre une parcelle située au plateau Saint-Jean et propriété d'une protestante, Madame Pierre PRAT.
En 1831, ce cimetière s'avère déjà trop petit, d'où l'acquisition d'une parcelle mitoyenne.
Le prix des concessions étant minime, cet ensemble fut à son tour vite saturé et une nouvelle extension est décidée en 1884 par acquisition d'une vigne du côté du levant.
Cet ensemble correspond à la configuration actuelle du Cimetière Saint-Jean, clos par un mur et représentant une surface utile de 6 618 m2 complétée par un porche de 88 m2"

Cette rue a été élargie en 1873 et 1881-1882 (source: Archives du Tarn).