Il s'agit bien sûr d'Antoine Sabatier (dit l'Abbé Sabatier, ou Sabatier de Castres), et non de Paul Sabatier (1854-1941), chimiste mort à Toulouse et dont l'université des Sciences porte le nom (la rue Sabatier portait déjà ce nom en 1886).
En voici une courte biographie, extraite de l'incontournable (?) Wikipédia :
"Antoine Sabatier dit l’abbé Sabatier de Castres, né à Castres le 13 avril 1742 et mort à Paris le 15 juin 1817, est un homme de lettres et journaliste français.
Il s’enfuit du séminaire de sa ville natale après avoir été seulement tonsuré mais garda le titre d’abbé. Il passa quelques années à Toulouse puis vint à Paris en 1766. Protégé par Helvétius, il rejoignit d’abord le parti des Philosophes, puis celui des défenseurs de la religion. Il prit pied à la Cour et fut pensionné quatre fois. Il émigra après la prise de la Bastille, habita longtemps Hambourg, où il publia quelques écrits, et ne rentra en France qu’au retour du roi. Sous la Restauration, son dévouement à la cause royale lui obtint une pension de 2 000 francs, qu’il trouva modique et peu proportionnée à la grandeur des services qu’il avait rendus. Il mourut chez les sœurs de Charité."
On trouvera dans le Dictionnaire des Journalistes (ICI) une biographie plus complète.
L'Abbé Sabatier de Castres, homme de lettres
"Il publia des poésies et des contes licencieux (les Quarts d'heure d'un joyeux solitaire, 1766), un roman (Betsi ou les Bizarreries du destin, 1769), puis se rangea aux côtés des antiphilosophes. Ses ouvrages les plus connus sont le Dictionnaire de littérature (1770) et les Trois Siècles de la littérature française (1772) ; il y attaque Voltaire et les Encyclopédistes, mais ménage Rousseau."
Les quarts d'heure d'un joyeux solitaire, encore attribué à Sabatier de Castres par Larousse, Wikipédia et Cie, fut ré-imprimé en 1882 et attribué à l'Abbé de La Marre. On y lit en effet dans la notice que "quoique l'on ait souvent attribué ce petit recueil à Sabatier de Castres, et que Viol[l]et-le-Duc lui donne même pour père Félix Nogaret, nous croyons devoir imprimer - sur l'affirmation positive de différents bibliophiles érudits qui compulsèrent à cette intention les manuscrits du temps, - le nom de l'abbé de La Marre en tête de ce petit livre, comme étant le véritable auteur de ces rimes joyeuses." (source).
Sa traduction du Décaméron de Boccace n'est pas appréciée de tous... Dans sa préface à une nouvelle traduction du Décaméron publiée en 1879, Francisque Raynard n'est pas tendre avec Sabatier de Castres:
"La seconde traduction est de Sabatier de Castres ; elle date de la fin du siècle dernier. C’est la plus répandue ; c’est la seule à vrai dire que le public ait à sa disposition, et on peut affirmer qu’elle n’a pas peu contribué à donner de l’œuvre capitale de Boccace une idée absolument fausse. C’est pour Sabatier de Castres qu’aurait dû être inventé le fameux proverbe : Traduttore, traditore, traducteur, traître. Il n’est pas possible, en effet, de tronquer, de défigurer plus effrontément l’œuvre qu’on a la prétention de faire connaître" (source).
Son opposition aux philosophe se manifesta dans un ouvrage de polémique littéraire, un de plus, mais pas le moindre, à l'encontre de Voltaire : Tableau philosophique de l'esprit de M. de Voltaire, pour servir de suite à ses ouvrages et Mémoires à l'histoire de sa vie, publié en 1771.
Il parut sous le voile de l'anonymat, mais lui fut attribué, à lui, l'un des critiques littéraires les plus connus et renommés de son temps.
" Dans ce volume, il passe en revue tous les auteurs qui eurent à subir les attaques de Voltaire (de Jean-Baptiste Rousseau à Jean-Jacques Rousseau en passant par l'Abbé Nonotte ou l'Abbé Fréron), et prend leur défense de facon argumentée. L'ouvrage se termine par la curieuse "Profession de foi" de Voltaire, passée devant Notaire et Témoins, le 15 avril 1769. Au bas de la derniere page, l'Abbé Sabatier de Castres écrit : "Ici l'auteur s'arrête, en attendant que les fureurs de M. de Voltaire lui fournissent de quoi former un autre volume"." (source).
Quant à l'opinion de Voltaire sur l'Abbé Sabatier de Castres, nous la trouvons dans Les Honnêtetés Littéraires, ouvrage de Voltaire, à lire ici.
Condorcet également participa à la controverse philosophique, en rédigeant la Lettre d’un théologien (Condorcet) à l’auteur du Dictionnaire des Trois Siècles (Sabatier de Castres), en août 1774.
L'Abbé Sabatier de Castres, journaliste
Il fut également journaliste, pendant la révolution française. Son journal s'appelle le"Journal politique et national", auquel participe notamment Rivarol.
"Les royalistes eurent également leurs feuilles. Parmi les plus connues on compte les Actes des Apôtres, de Peltier, où écrivaient Rivarol et Suleau, le Mercure de France, dont Mallet du Pan était un des principaux rédacteurs, le Journal politique, de l'abbé Sabatier de Castres. Cette presse contre-révolutionnaire disparut avec la royauté. La Commune ordonna l'arrestation des "empoisonneurs de l'opinion publique" (Suleau fut assassiné, Rivarol et Mallet du Pan émigrèrent), la peine de mort fut promise à qui proposerait le rétablissement de la monarchie. La presse girondine disparut elle aussi après la chute des Girondins." (source).
Il s'opposa à la déclaration des droits de l'homme. Le 2 août, dans un article du Journal politique et national, "l'abbé Sabatier de Castres critiqua le projet de faire précéder la constitution d'une déclaration des droits de l'homme : « Craignez que les hommes, auxquels vous n'avez parlé que de leurs droits et jamais de leurs devoirs, que des hommes qui n'ont plus à redouter l'autorité royale ne veuillent passer de l'égalité naturelle à l'égalité sociale, de la haine des rangs à celle des pouvoirs, et que de leurs mains rougies du sang des nobles, ils ne veuillent aussi massacrer leurs magistrats »." (source)
On soupçonne Sabatier de Castres d'avoir volé à Rivarol ses textes... A lire ICI :
"(Rivarol) travaillait, dès ce moment, à sa Théorie du corps politique, ou, du moins, il commençait à la ruminer. Aucune page ne semble en avoir jamais été rédigée, mais il en avait dressé le plan, marqué les chapitres. Ce manuscrit fut dérobé à sa mort par l'abbé Sabatier, en même temps qu'un écrit, entièrement achevé, De la Souveraineté du peuple. Avec ces deux oeuvres, l'abbé Sabatier en composa une troisième (De la Souveraineté. Altona, 1806). Outre que les idées de Rivarol sont trop personnelles pour pouvoir être volées, l'abbé eut la maladresse de mêler à ses larcins inédits, des larcins imprimés : comme les Chinois bourraient autrefois de copeaux de santal une caisse de porcelaines, il a comblé les vides de son in-octavo avec des fragments du Discours préliminaire. Les voleurs intelligents sont très rares; mais celui-ci était très bête. La vanité l'aveuglait, d'ailleurs, et il se croyait en droit, égal de Rivarol par l'intelligence, de lui donner, au nom des vrais bons principes, des leçons de morale et de logique. Je crois qu'il serait possible d'extraire du volume de Sabatier une centaine de pages qui seraient à peu près de Rivarol".
La réputation de notre Sabatier en prend un coup !
La rue Sabatier est une des rues centrales de l'Ecusson, très commerçante, dans le prolongement de la rue Henri IV, et elle-même prolongée par la rue Gambetta. Elle part de la place Jean Jaurès, en direction de Toulouse.
Elle a fait l'objet en 2015 d'importants travaux de rénovation, à la grande satisfaction des commerçants à l'issue des travaux....
photo la Dépêche du Midi |
Le principal magasin de cette rue est le Monoprix, autrefois appelé "aux Dames de France". Pour en savoir plus sur ces magasins : ICI.
source : Gallica.bnf.fr |
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