Nous trouvons l'origine du mot Albinque dans les Antiquités de Castres, de Pierre Borel, "la porte de l'Albinque, dite ainsi parce qu'elle est du costé d'Alby ; elle est dite autrement la porte royalle"
Voici donc présentée l'Albinque : c'est la porte d'entrée de Castres, quand on vient d'Albi ou de Lautrec.
Voici quelques jalons de l'histoire de Castres vue depuis ce quartier de l'Albinque :
1227 : fondation du Couvent des Cordeliers, c'est-à-dire des franciscains, ou frères mineurs, à Castres (aujourd'hui à l'emplacement du Collège Jean Jaurès. Le clocher et une chapelle encore intégrés dans le collège sont les seuls vestiges visibles de ce couvent.).
On trouvera ICI une étude très intéressante sur les fouilles archéologiques réalisées en l'an 2000 lors de la construction de la maison Emploi-Formation. En voici un court extrait :
"En l’absence d’un fonds d’archives anciennes, l’histoire du couvent des Franciscains de Castres est connue par un récit de 1587 du père Gonzagues, repris et complété par le frère A. Doumayron. Lors de sa fondation en 1227, le couvent des Frères Mineurs est installé hors les murs à l’angle nord-ouest du rempart. Il a déjà acquis une certaine importance en 1251, puisque la soeur de saint Louis y fait construire un tombeau pour Armoise de Lautrec. En 1315-1319, ce couvent se rallie au mouvement mené par Bernard Délicieux. Les raids de la guerre de Cent ans qui touchent le Castrais de 1360 à 1387 provoquent la construction d’une nouvelle enceinte entre 1373 et 1380. Son tracé, longeant la place de la 32e DI, englobe désormais le couvent des Cordeliers. Bernard Avella date de cette époque les vestiges architecturaux du clocher. En 1389, le Duc de Berry et le Comte de Foix se rencontrent dans une salle du couvent construite à cheval sur la muraille.
Au XVIe siècle, le castrais devient une des principales régions acquises à la religion réformée. Les protestants prennent la ville en 1562. Le couvent des Franciscains devient une fonderie de canons avant d’être rasé en 1574. Les matériaux servent à la reconstruction du rempart, du portal Nau et du bastion d’Ardennes situés à proximité. Malgré une tentative de rétablissement entre 1597 et 1621, le couvent ne sera reconstruit qu’à partir de 1634. Il est alors de dimensions bien plus modestes que le précédent, jusqu’à sa mise en vente en 1791. Sur le plan de 1674, le site apparaît occupé par les jardins du couvent. Au XVIIIe siècle, il est en partie utilisé comme caserne pour la maréchaussée."
Le 14 mars 1485 1585, c'est par cette porte fortifiée que "le futur Henri IV, alors roi de Navarre, fait son entrée à Castres aux côtés du Duc de Sully, du Prince de Condé, du vicomte de Turenne et de six cents cavaliers. (...) Juges, consuls, bourgeois, marchands sont tous allés à cheval, sous la pluie, le chercher près de Saïx. Arrivés à la porte de l'Albinque, les consuls lui ont présentés les clés de la ville."
(in Castres 2000 ans d'histoire, de J.P. Gaubert)
(in Castres 2000 ans d'histoire, de J.P. Gaubert)
En 1666, les Consuls achetèrent au Couvent des Trinitaires des terres pour agrandir la place alors trop exiguë. En voici le récit tiré de Chroniques et Antiquités castraises, par Magloire Raynal , tome IV, 1837 :
"La belle promenade, qui rend aujourd'hui le quartier de l'Albinque si agréable, n'existait pas alors. Resserrée entre les murailles de la ville et des terres labourables appartenant, en grande partie, aux Trinitaires, une petite esplanade, où se tenait plusieurs foires, et où les Consuls allaient présider aux réjouissances publiques, pouvait à peine contenir les nombreux habitans qui s'y rendaient à des époques indiquées ; aussi l'on avait souvent à déplorer des accidens funestes. Cet inconvénient était si bien senti que le 7 mai 1666, à la suite d'une délibération du Conseil municipal, les Consuls allèrent prier le Supérieur des Trinitaires de vendre à la Ville les terres qu'ils possédaient de ce côté. Le Supérieur, appréciant les considérations qui avaient motivé la démarche des Consuls, fit part de leurs demandes à la Communauté, et il contribua beaucoup à ce qu'elles fussent accueillies favorablement : c'est depuis cette époque que l'Albinque est devenue, quant à son étendue, à peu près ce qu'elle est aujourd'hui."
"La belle promenade, qui rend aujourd'hui le quartier de l'Albinque si agréable, n'existait pas alors. Resserrée entre les murailles de la ville et des terres labourables appartenant, en grande partie, aux Trinitaires, une petite esplanade, où se tenait plusieurs foires, et où les Consuls allaient présider aux réjouissances publiques, pouvait à peine contenir les nombreux habitans qui s'y rendaient à des époques indiquées ; aussi l'on avait souvent à déplorer des accidens funestes. Cet inconvénient était si bien senti que le 7 mai 1666, à la suite d'une délibération du Conseil municipal, les Consuls allèrent prier le Supérieur des Trinitaires de vendre à la Ville les terres qu'ils possédaient de ce côté. Le Supérieur, appréciant les considérations qui avaient motivé la démarche des Consuls, fit part de leurs demandes à la Communauté, et il contribua beaucoup à ce qu'elles fussent accueillies favorablement : c'est depuis cette époque que l'Albinque est devenue, quant à son étendue, à peu près ce qu'elle est aujourd'hui."
En 1795, pendant la Terreur, qui suivit la révolution française, c'est sur la place de l'Albinque que se trouvait l'échaffaud, à l'emplacement de l'actuelle halle aux grains. On y conduisit à la mort des prêtres réfractaires (c'est-à-dire qui refusèrent de prêter serment à la Constitution civile du clergé en 1791 et voulurent rester fidèle à l'Eglise catholique), dont Jean-Pierre Alengrin (1749-1795). Une monographie lui a été consacrée par Paul de Cassagnac, aux éditions Périé, Lacaune (Jean-Pierre Alengrin, évangélisateur et martyr). Une croix élevée près du parvis de l'église Saint Jean-Saint Louis rappelle ces évènements dramatiques.
De 1820 à 1936, on trouve derrière la place une faïencerie, la manufacture de céramique de l'Albinque
"La Faïencerie a fermé en 1936 mais sa vaisselle est encore très réputée et recherchée par les brocanteurs et autres collectionneurs. C'est vers 1820, que la manufacture de poteries et de faïences stannifères est créée à Castres dans le quartier de l'Albinque. Fabricant à l'origine des produits de basse qualité, l'établissement n'acquiert de l'importance que dans la seconde moitié du XIXe siècle sous l'impulsion de ses nouveaux propriétaires, les Ducros. Spécialisée dans la céramique culinaire et la vaisselle de table, la manufacture est surtout reconnue pour ses faïences jaunes alors qu'elle produit aussi des terrines tigrées, des poteries à feu ainsi que des suspensions et des cache-pots artistiques. À la Belle Époque, la manufacture connaît une importante réforme structurelle par l'adoption de la fabrication de demi-porcelaines opaques et imprimées. Bien qu'ayant connu un début de mécanisation, la production reste encore largement artisanale, les décors sont encore effectués au pinceau par des artistes. Dans les années 1910, par l'adoption d'un matériel et des procédés modernes de production, la manufacture devient réellement usine. La politique commerciale se fait plus agressive. Mais la constitution majoritairement familiale du capital de la société la rend fragile face aux grandes sociétés anonymes de faïencerie qui profiteront de la dépression des années 1930 pour acheter puis fermer l'usine de l'Albinque en 1936." (Source : Jean-Michel Minovez, professeur en histoire moderne à l'Université Toulouse II- Le Mirail).
On y trouve aujourd'hui des brocanteurs, chez qui vous trouverez l'objet qui vous manque ! A défaut, allez faire un tour sur leur site : http://www.antiquitestarn.com/index.htm
1865-1868 : construction de la halle aux grains, celle de la place Nationale devenant trop surchargée.
"Pendant dix ans, de 1860 à 1870, Louis Alquier-Bouffard a été maire de Castres. Durant son mandat, plusieurs réalisations ont transformé la ville, dictées par la volonté d'apporter aux Castrais un meilleur cadre de vie et soutenir l'activité économique de la ville. (...) Entre 1865 et 1868, a été construite une halle aux grains métallique sur la place de l'Albinque, sur le modèle des halles centrales de Paris." (La Dépêche, 15/11/2009)
En 1867, débuta la construction de l'église Saint Jean-Saint Louis, qui fut inaugurée en 1873. "La naissance de l’église fut rendue possible grâce à un legs et un appel à souscription. Ainsi la construction débuta en 1867 et se termina six ans plus tard sous le regard de l’architecte de la ville M. Barthe". On lira ici son histoire : http://catholique-tarn.cef.fr/spip.php?article2011
Et aujourd'hui ? L'Albinque est toujours un carrefour, un lieu de vie, de commerce (marché de l'Albinque, marché aux fleurs, marché aux puces), de fête (Feu de la Saint Jean), ...
En 2010, le projet de réaménagement de la place commence à se préciser... A suivre !
http://www.ladepeche.fr/article/2010/06/18/857506-Castres-La-renovation-de-l-Albinque-en-marche.html
En recherchant des photos anciennes de la place Soult, j'ai trouvé une photo de la place de l'Obélisque à ce lien : http://www.cartes-et-patrimoine.com/tarn-castres/carte-postale-ancienne-ville-castres-ph061076-photos-106844.html
RépondreSupprimerVos connaissances ou des documents en votre possession vous permettent-ils de répondre à cette interrogation.
Merci.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerHenri IV en 1485? il y a un problème, lequel?
RépondreSupprimerPar ailleurs ce site est un vrai régal,ayant vécu à Castres de 1952 à 1965.
george Barthes
1585 ! vous avez corrigé de vous-même !
SupprimerPour l'anecdote du "milla", lire ici : https://www.ladepeche.fr/article/2010/08/06/884710-castres-le-passage-du-futur-roi-henri-iv.html
Cordialement
merci!
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